42                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Nouvelles emplettes en 1387 : Histoire de Doon de la Boche, 600 francs; le Couronnement de Notre-Dame, 200 francs; Histoire de Bergers et de Bergères, 700 francs. Cette dernière tenture est offerte au duc de Berry, qui reçoit, la même année, la tapisserie du Boman de la Bose, exécutée par Pierre de Baumetz, puis, l'année suivante, la tapisserie de la Passion, achetée de Jean Lubin; il a été parlé plus haut de ces libéralités du duc Philippe à son frère.
Jean Cosset est infatigable. Parmi plusieurs fournitures acquittées en 1388, on remarque une Fie de sainte Marguerite, offerte à la duchesse de Bourgogne, du prix de 800 francs. Elle mesurait vingt-trois aunes de cours sur cinq et demie de hauteur. Jamais, depuis lors, le métier de haute lice n'a servi à tisser des ouvrages aussi vastes que ceux dont les documents du niv- siècle ont gardé le sou­venir. On verra bientôt les inconvénients de cette exagération.
Après d'autres travaux moins considérables, Cosset vend, en 1393, un tapis de Bergers et Bergères, travaillé d'or et d'argent de Chypre, destiné à un présent, comme celui qui avait été offert au duc de Berry. Cette fois, c'est l'évêque d'Arras, chancelier du prince, qui est gratifié de la tapisserie à sujet pastoral.
Dans les comptes de l'année suivante, deux articles sont à re­lever : une chambre entière de six cents aunes carrées, sur chaque pièce de laquelle se voyaient des pots de marjolaine et une femme près d'une fontaine, avec un fond vert, et l'Histoire du roi de France et de ses douze pairs.
Nous passons sous silence quelques menus travaux, pour arriver à un tapis de chapelle, de vingt-cinq aunes carrées, aux armes du­cales, terminé en 1401, puis à deux tapisseries mélangées d'or'de Chypre, l'une des Sept Ages, l'autre de la Vie de sainte Anne, payées 2,100 écus d'or, et commandées, en 1402, à l'occasion des noces d'Antoine, comte de Rethel, fils ainé du duc. La quittance de ce dernier payement, conservée aux archives de Dijon, porte encore le sceau de Jean Cosset; on y distingue un écu échiqueté.
Après cette énumération rapide d'une partie de l'œuvre de Jean Cosset, car les documents ne disent pas tout, on ne saurait hésiter, nous semble-t-il, à voir en lui un des chefs les plus éminents de l'industrie artésiennne.
En même temps que lui travaillent plusieurs tapissiers restés dans une sorte de pénombre.. Ils se nomment Jean Anghebé, — peut­être est-ce un parent d'Aghée de Lindres, ou de Londres, <t tapis-